Qee : Vous êtes psychologue clinicienne et formatrice en entreprise. Vous êtes aussi l’auteur de La puissance du féminin publié aux éditions Leduc.s. Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser autant à la féminité ?

Camille Sfez : A l’âge de 20 ans, le psychologue que j’allais voir s’intéressait lui-même beaucoup à la question du féminin. Il m’a conseillé d’aller dans un cercle de femmes. C’était en Angleterre, en 2005, et ce que j’ai vu au sein du cercle – la vulnérabilité montrée, l’authenticité des échanges, etc. – m’a touchée. Je pense que j’avais besoin de me construire en tant que femme autrement qu’en étant une guerrière. Je venais d’un milieu élitiste où l’on me disait si tu fais de belles études, tu pourras réussir et faire ce que tu veux de ta vie. Je sentais, j’espérais, qu’une autre voie était possible.

Q. : En 2011, vous ouvrez le premier cercle, Les tentes rouges, à Paris ; un mouvement existant déjà en Angleterre et aux Etats-Unis. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

C. S. : Les tentes rouges sont des espaces où l’on expérimente la « médecine par la parole », où chaque femme peut pendant 5 ou 10 minutes partager ce qu’elle vit et bénéficier d’une écoute bienveillante de la part des autres participantes. Pour celle qui parle, le fait de se dire « Je dispose de 5 ou 10 minutes pour moi » permet de descendre au plus profond de elle-même, de pouvoir se montrer vulnérable aussi parfois. Et le seul fait de montrer cette vulnérabilité, d’énoncer les choses telles qu’elles sont, nous rend plus fortes. En d’autres termes, Les tentes rouges sont des espaces de parole et d’authenticité où l’on peut pleinement être soi et tomber les masques.

Q. : Dans votre livre La puissance du féminin  vous écrivez cette très belle phrase : « Aucune femme de votre lignée n’est allée aussi loin que vous, aucune d’entre elles n’a eu autant de liberté. » Depuis quelques années, on assiste à un véritable engouement autour du féminin sacré, du pouvoir féminin, à quoi l’attribuez-vous ?

C. S. : Je pense effectivement qu’il s’agit d’un éveil profond au même titre que le réveil des consciences au niveau écologique. En réalité, nous assistons à un réveil de l’humanité. Il y a un appel à changer nos modes de fonctionnement. Pourtant, encore aujourd’hui, les femmes ne sont pas tout à fait libres. Nous avons toujours quelque chose à conquérir qui est d’ailleurs plus à l’intérieur de nous qu’à l’extérieur car il existe bon nombre de croyances limitantes du style : « je suis mère donc je suis obligée d’assurer quitte à m’oublier » ou « je fais un métier qui me passionne, ce n’est pas grave si je ne suis pas très bien payée ». Depuis un ou deux ans, on assiste effectivement à un engouement vis-à-vis des cercles de femmes… comme si les femmes avaient besoin de cet espace, comme si elles aspiraient à être soutenue et à se lancer dans  une quête d’intériorité et de connexion à elles-mêmes.

Q. : Dans les cercles de femmes on propose parfois des rituels, quel rituel pourriez-vous donner aux femmes qui souhaitent se reconnecter à leur féminité ?

Je leur dirais tout simplement que, pour renouer avec son féminin, il suffit d’écouter l’espace de tranquillité intérieur qui se cache derrière l’agitation du mental. Dans un premier temps donc, se reconnecter à soi. Puis, pourquoi pas, s’écrire une lettre à soi-même ou faire des visualisations pour se relier au sacré qui est en nous. Tous les gestes pour honorer notre corps sont en soi des rituels. A partir du moment où l’on pose une intention, allumer une bougie, chanter, réciter une prière, devient un rituel. 

Pour suivre l’actualité de Camille Sfez, rendez-vous sur son site : www.renoueravecsonfeminin.fr

Pour en savoir plus sur Les tentes rouges : https://tentesrouges.fr/